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Photo du rédacteurMarine Favaro

Sur les dents !

Dernière mise à jour : 3 juin

Introduction


Si l’on observe les chiens à l’état féral (entendre, chiens étant retourné à un état d’indépendance et vivant dans des milieux plus ou moins urbanisés), on comprend que manger est une affaire de survie. Les études montrent que plus de 40 % de leur budget temps est dédié au déplacement et une partie de ces déplacements servent à chercher leur nourriture. Opportuniste, le chien glane çà et là de quoi atteindre la satiété et se sert d’environ 50 % de son temps restant pour se reposer et dormir après ses pérégrinations.


L’avantage pour nos chiens, c’est qu’ils trouvent la totalité de leur ration en 2 fois par jour. Pour la plupart d’entre eux, ces rations sont gobées en quelques minutes (pour ne pas parler de secondes). Dans ce cas (béni) comment arrive-t-il donc à satiété ? N’y a-t-il pas un lien entre "gober ses croquettes" et partir à la recherche de nourriture si disponible dans notre environnement urbain (poubelles, repas abandonnés, déjections) ?

Un chien qui mastique maximise sa détente physique et mentale

Alors pourquoi offrir de la mastication ?


Chez l’humain ce lien a été prouvé et il faudrait 20 min de mastication pour ressentir la satiété. Un lien a également été fait entre une mastication insuffisante et l'augmentation du risque d’obésité (si on mâche moins, les 20 minutes sont atteintes plus tard et donc plus de calories sont ingérées). Chez le chien cette relation a été également faite entre temps d’ingestion de la gamelle et prise de poids ! Et dans ce rapport on comprend l’importance de donner quelque chose à ronger à son chien.

En permettant la satiété, on réduit certaines problématiques comme le pica, la destruction, le vole et le ramassage à l’extérieur. D'autres études ont mise en valeur que la mastication à un effet bénéfique sur la santé cognitive. Oui vous avez bien lu ! Mastiquer stimule l’hippocampe, le thalamus, l’amygdale, le striatum, le système limbique… Autant de parties du cerveau responsables de la mémoire, de l’apprentissage, de la reconnaissance spatio-temporelle et des émotions. On peut en conclure que mastiquer ralenti le vieillissement et même rend plus intelligent. Autant d’effet étonnant et puissant qui vaut pour le chien et pour l’humain !

Vous aurez aussi découvert probablement un lien entre mastication et réduction de la plaque dentaire. Je vous encourage à regarder les dents avant et après avoir mastiqué ; vous constaterez à quel point donner des éléments d’une dureté moyenne à très importante, aura pour effet de diminuer la plaque dentaire (attention d’avoir lu la partie « comment choisir ? » plus bas dans cet article). C’est d’ailleurs l’idéal pour les chiens à la ration ménagère ou pâté aux consistances molles. Le tartre est un vrai problème, notamment avec le vieillissement de l’animal. On pourra ici ralentir le processus d’entartrage des dents et de maladies parodontales qui font beaucoup souffrir les chiens.


De manière générale, la bouche des chiens est souvent douloureuse au cours de leur vie. La période juvénile particulièrement avec la pousse des dents de lait aux alentours de la troisième semaine de vie, puis leur perte et la croissance des dents définitive aux environs de 4 à 6 mois. Contrairement à l’humain dont la première pousse se fait entre 3 mois et 3 ans tandis que la perte et la repousse s’échelonnent entre 6 et 12 ans… Autant dire que s’organise un sacré remue-ménage dans un si petit espace ! Il faudra une mastication appropriée en taille, en dureté, en quantité pour limiter sa douleur et la vôtre puisque mordillement et destruction sont plus fréquents chez le chiot. Cette bouche redevient particulièrement douloureuse lorsqu'ils vieillissent : perte de dents, fracture, tartre et gingivite sont plus fréquents chez le chien âgé. Et malheureusement, il n'est pas rare qu'une fois arrivé à 8 ans un accident ou un puissant détartrage ait déjà atteint l'intégrité de la denture.


Comme chez le chiot, l’adulte retire un certain apaisement à employer sa mâchoire. On parle même de réduction du stress. Le fait de mastiquer par son influence sur le cerveau aurait également tendance à inverser les processus physiologiques du stress et notamment la production du cortisol ! Il a également été mis en valeur que la mastication stimule la production de dopamine (hormone du plaisir) et de noradrénaline (hormone de l’éveil sensoriel) ce qui rend la mastication cruellement stimulante ! Et si essentielle.


Quel type de mastication donner et comment ?


À ces questions, vous avez déjà surement une réponse. Mais ça va mieux en le disant ! Il y a des éléments à laisser à disposition toute la journée et d’autres qui sont voués à disparaitre plus rapidement. Vous voyez de quoi je parle ;)

les cockers aiment les sabots de veau, comme les cornes de cerf, ils sont a laisser à volonté

Les cornes (cerf, buffle, mouton), comme les sabots de veau, les mufles ou les pièces de cuir sont à laisser à volonté. Dans cet ordre de "dureté", il offre au chien un moment pour se servir de leur molaire et éliminer le tartre le plus difficile d’accès.

Les snacks présentant une dureté variable pourront disparaitre plus ou moins rapidement. Si leur effet "astringent" en est diminué, ils garderont un effet sanitaire et d'apaisement, à condition de respecter quelques règles dans leur choix...



Quel type de mastication éviter ?


Notre objectif est d’offrir une vie de qualité à l’animal qui a rejoint notre vie. Alors, pourquoi s’acharner à leur laisser des jouets en plastique (qui n’ont clairement pas été soumis aux tests de détection de toxiques, de bisphénols et autres) qu’ils vont mastiquer et ingérer année après année. Concernant les éléments en tissu, il y a un risque évident d’occlusion intestinale, mais ils détruisent aussi les apprentissages que vous souhaitez conserver pour ne pas que votre adorable compagnon s’en prenne à vos vêtements, serpillères et autres textiles dans la maison. De manière générale, tous ces jouets ressemblent à des éléments de votre environnement et il est difficile pour le chien de faire la différence.

article en peau de buffle néfaste pour la santé des chiens
Peau de buffle traité par des produits chimiques, néfaste pour la santé

On évitera également les os à mâcher en peau de buffle (qui revêtent divers formes), dont le traitement qui permet d’arriver à ce joli résultat est très particulier : emploi de plomb, arsenic, javel, sulfure de sodium, colle industriel, formaldéhyde, benzoate de sodium, éthoxyquine, BHA, BHT… Ils revêtent souvent divers apparence permise par ces traitements de choc.


Attention également à donner des os de boucherie. Ils représentent un important apport en phosphore pour un chien vieillissant. Ne donnez pas d'os cuits qui ont tendance à se briser en pointe et en esquille et ainsi d’augmenter les perforations intestinales. Pour les os à moelle, penser à adapter bien le diamètre à la taille de sa mâchoire afin d’éviter de demander à votre vétérinaire de le scier autour de la bouche de votre chien comme sur la photo ci-dessous.

Bien choisir la taille des os à moelle en fonction de la taille de la mâchoire du chien

Comment choisir et donner ?


En cherchant un peu, on trouve beaucoup d’éléments que ce soit en animalerie ou sur internet… Si leur qualité peuvent être équivalente, choisir un article de mastication devra répondre à certaines règles de bons sens, tel que :


  1. Veiller à garder de l'eau propre à disposition

  2. S’adapter à la taille du chien : pour ne pas avoir à le retirer de sa bouche parce que c’est trop pour une portion et pour ne pas causer les troubles qui s’accompagne avec une trop grande ingestion de nourriture ! L’autre risque c’est un grand désintérêt parce que la pièce est trop grande et donc inexploitable pour le chien. Et dans le cas contraire, un chien qui peut s’étouffer avec quelque chose de trop petit.

  3. S'adapter à la puissance de la mâchoire : on pense toujours que nos chiens ont une excellente mâchoire, mais on se rend moins compte que celle-ci est souvent douloureuse (période de croissance, vieillissement, chocs…). Ne donnez pas toujours des snacks trop durs qui vont forcément avoir un impact à terme. Varier les plaisirs, le bien-être vient de l’équilibre.

  4. Attention à la sensibilité digestive : tous les chiens n’ont pas les mêmes capacités digestives. Les MICI (Maladie Infectieuse Chronique de l’intestin), les allergies ne sont pas toujours évidentes à diagnostiquer. De plus, les articles en libre-service (qui prenne l'air souvent à l'entrée du magasin) auront plus de chance d'avoir été contaminé par une bactérie... Pensez à garder un œil sur le résultat !

  5. La fréquence : outre la taille inadaptée, croire que l’on va faire plaisir en donnant fréquemment n’est pas non plus l’idéal. Des conséquences digestives à nouveau, mais également une prise de poids et un déséquilibre alimentaire puisque les friandises sont souvent riches en graisse ou en phosphore.

  6. Toujours commencer la proposition d'un nouvel élément sous surveillance : il est préférable d'attendre que vous soyez présent pour les premières utilisations. Vous serez plus à même de vérifier si la consommation ne pose pas de problème. Mais vous pourrez également recueillir de précieuses informations sur les stratégies mises en place. Par exemple, avec quels éléments utilise-t-il ses molaires ? Combien de temps met-il à l'avaler entièrement ?

  7. Choisir un lieu de mastication approprié : Attention aux comportements qui peuvent être problématiques, je pense particulièrement à la protection de ressource (le chien protège sa ressource en grognant, en jetant les dents, mais il y a également là un potentiel de morsure), lorsqu'il y a plusieurs chiens, des enfants trop aventureux ou parfois des adultes trop pressants. La protection de ressource n'est pas à prendre à la légère. Faites vous aider par un professionnel qualifié et bienveillant ! Dans tous les cas, aménagez ou réservez un endroit calme pour votre chien. Personne n'aime déjeuner dans un lieu de passage. Il est d'ailleurs probable qu'il ait une idée sur le lieu de dégustation idéal, alors laissez-le choisir ;)


Et si votre chien enterre cette superbe friandise que vous lui avez choisie et offerte avec amour, ne le prenez pas mal ! Il l’a trouve probablement tellement bonne qu’il la garde pour plus tard. Moyen efficace de ne pas laisser sa part au chat.





Pour en savoir plus…


  • Brown WY, McGenity P. « Effective periodontal disease control using dental hygiene chews », J vétérinaire dent., 2005 volume 22, pp.16-19.


  • Boitani L, Ciucci P, « Comparative social ecology of feral dogs and wolves. Ethology Ecology and Evolution », 1995, Ethology ecology & evolution vol 7


  • Dr Patrick, « Donner des os à son chien, est-ce nécessaire ? » Conseils vétérinaire de Patrick, 2020, disponible en ligne https://conseilsveterinaire.com/donner-os-chien-est-ce-necessaire/


  • Kubo KY, Iinuma M, Chen H « Mastication as a Stress-Coping Behavior » Biomed Res Int. 2015, May 18


  • Majumder, Sreejani et al. « To be or not to be social: Foraging associations of free-ranging dogs in an urban ecosystem », volume 17, Acta ethologica, 2013


  • Teixeira FB, Pereira Fernandes L de M, Noronha PA, dos Santos MA, Gomes-Leal W, Ferraz Maia Cdo S, Lima RR « Masticatory deficiency as a risk factor for cognitive dysfunction », Int J Med Science. 2014 Jan 10 ; 11(2)

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